Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/103

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à l’accusé quel sujet d’inimitié il pouvait avoir contre la ville d’Athènes, pour s’être porté contre elle à de pareils excès. Ce n’est pas que je n’aie de vrais motifs de haine et de ressentiment personnel ; mais quand il s’agit des oppresseurs de la liberté publique, on ne saurait poursuivre ses propres injures sans venger en même temps celles de l’état.

[3] Je n’avais jamais porté la parole devant les tribunaux ni pour moi ni pour personne, et c’est la circonstance seule qui me force aujourd’hui d’accuser Ératosthène. Je me sens donc de plus en plus intimidé, et je crains, faute d’expérience, de ne pouvoir suivre l’accusation au nom de mon frère et au mien propre, avec toute la vigueur qu’elle exige. Toutefois, Athéniens, je vais essayer de vous instruire le plus brièvement qu’il me sera possible en reprenant les choses dès le principe.

[4] Céphale, mon père, par le conseil de Périclès, vint s’établir à Athènes. Pendant l’espace de trente ans qu’il y demeura, ni lui ni moi n’intentâmes jamais de procès à personne, personne aussi n’eut lieu de nous en intenter. Dans un gouvernement démocratique,