Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/110

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que cela fut vrai ! ce ne serait pas moi qui me ressentirais le moins de cet avantage. [23] Mais qu’il en a été bien autrement, et pour toute la ville et pour moi-même ! Ératosthène, comme je l’ai dit tout à l’heure, a fait mourir mon frère, sans pouvoir l’accuser d’aucun crime envers l’état, sans en avoir reçu aucune injure personnelle, ne suivant en un mot que les mouvements d’une odieuse tyrannie. Je vais le faire paraître et l’interroger[1] ; car tels sont mes sentiments à son égard, que, loin de lui parler, je me ferais scrupule de parler de lui à d’autres pour le servir, mais pour le perdre, je puis sans crime l’interroger lui-même. Paraissez donc, Ératosthène, et répondez à mes interrogations.

[25] — Avez-vous conduit Polémarque en prison ? — Oui, mais c’était par crainte de mes collègues et pour leur obéir. — Étiez-vous dans le sénat lorsqu’on parla de nous ? — J’y étais. — Etiez-vous de l’avis de ceux qui opinaient à la mort ou vous y êtes-vous opposé ? — Je m’y suis opposé. — Vouliez-

  1. Nous voyons, dans plusieurs plaidoyers des anciens, que l’accusateur avait droit d’interroger l’accusé, et que celui-ci était obligé de lui répondre. L’accusé réciproquement pouvait interroger son accusateur.