Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/112

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Trente : mais doit-on permettre que les Trente se renvoient la faute ? [29] S’il se fût trouvé dans Athènes une puissance supérieure à celle dont Ératosthène recevait l’ordre d’ôter la vie à des particuliers contre toute justice, vous pourriez peut-être lui faire grâce ; mais quand le punirez-vous s’il est permis aux Trente d’alléguer pour leur défense qu’ils obéissaient aux ordres des Trente, et qu’ils ne faisaient qu’exécuter leurs décrets ? [30] D’ailleurs, en supposant même qu’il n’eût pas dû sauver le particulier dont il s’est saisi s’il l’eût trouvé dans sa maison, du moins devait-il le sauver le trouvant dehors ? Vous vous sentez tous indignés contre ceux qui, forçant vos demeures, sont entrés chez vous pour se saisir de vos personnes, ou de quelqu’un de vos parents et de vos amis, [31] cependant, si l’on doit pardonner à quiconque en fait mourir un autre pour se sauver lui même, vous devez plus justement encore pardonner à ceux dont je parle, puisqu’il y avait pour eux un égal péril, ou de ne pas aller dans les maisons des proscrits quand ils y étaient envoyés ou de nier qu’ils les eussent trouvés quand il les avaient trouvés en effet. [32] Vous, Ératosthène, vous pouviez dire que vous n’aviez pas rencontré ceux que vous aviez ordre d’arrêter, ou que vous ne les connaissiez pas : on n’aurait pu vous convaincre ni par des inductions ni par des témoins, et