Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/182

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vie remplie de traverses, comme est celle d’Andocide. [33] Nous le voyons aujourd’hui, par un excès d’impudence, intriguer dans la ville, se mêler des affaires publiques, haranguer le peuple ; parmi les magistrats, censurer les uns, faire rejeter les autres ; paraître au sénat, y donner des conseils sur les cérémonies sacrées, sur les sacrifices, sur les prières, sur les oracles. Mais à quels dieux, je vous prie, pourrez-vous être agréables en adoptant les avis d’un tel homme ? Car ne croyez pas que, si vous fermez les yeux sur ses crimes, les dieux les fermeront de même. [34] Quoiqu’il ait offensé grièvement la ville d’Athènes, il prétend pouvoir y signaler son audace, parce qu’il est délateur de gens qui l’ont offensée ainsi que lui. Son projet est d’être plus puissant qu’aucun de nous ; comme s’il n’eût pas échappé à la peine uniquement par grâce, et à cause des embarras où se trouvaient alors les Athéniens, qui sentent maintenant qu’il les insulte et qu’il les brave ; mais le châtiment suivra de près la conviction.

[35] Voici une raison dont il s’appuiera (car il faut vous prévenir de ce qu’il peut objecter pour sa défense, afin que, nous écoutant tous deux, vous soyez plus en état de juger) : il ne manquera pas d’alléguer l’important service qu’il a rendu à cette ville en dénonçant les coupables ; et en la délivrant des craintes et