Page:Mémoire pour le sieur Pierre Lesens, capitaine de navire, de présent en la ville des Cayes.djvu/10

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comptoir de ce lieu. Il y trouve une verette générale qui le force à rester. Il faut obſerver que précédemment à tout cela il avoit perdu plus des trois quarts de ſon équipage, & juſques à ſes officiers, dans la rivière de Salam. Remis en mer, il y éprouve bien d’autres contrariétés. Des temps épouvantables ralentiſſent ſa marche, & mettent ſa vie ſouvent en danger. Pour comble de malheurs, une ſeconde révolte est à ſon bord, plus violente que la première dont nous ne parlons pas, & dans ce même temps où il est obligé de ſe défendre contre les terribles agitations de la mer, il a une guerre intestine à ſoutenir à ſon bord contre un grand nombre d’hommes qui combattent pour leur liberté. Il n’est pas difficile de ſe peindre la ſituation cruelle du Sieur Leſens.

Enfin ſa prudence, ſon intelligence, ſa fermeté & un haſard heureux ramènent la tranquillité à ſon bord. Mais une épidémie ſuccède, & emporte une grande partie de ſes captifs !

Il a ordre de ſe rendre aux Cayes à l’adreſſe des Sieurs Guillaume Papillon, Gombault & Compagnie. Il ſe rend au lieu de ſa destination.

C’étoit là le théâtre où on devoit tout attaquer dans ſa perſonne. Plus de vingt ans d’une existence honnête & connue n’ont pu le diſpenſer de ce déſagrément. Quelle est la cauſe de cette haine, de cette calomnie & de toutes ces tracaſſeries dont il est encore aujourd’hui ſi