Page:Mémoire pour le sieur Pierre Lesens, capitaine de navire, de présent en la ville des Cayes.djvu/9

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Il y a été forcé par l’affectation de ce débiteur à le confondre avec ces gens de néant qui s’élèvent à force de ramper. N’ayant nullement à rougir de ſa naiſſance, de ſa famille, de ſa vie & de ſon état, il a cru devoir ceſſer de ménager celui qui le traite auſſi durement. Il est permis d’être ſenſible, & même juſques à un certain point de montrer ſa ſenſibilité ! Cependant il n’y a point mis d’acharnement : il s’est contenté de ſe mettre en règle, pour ne pas mériter de reproches.

Néanmoins ce débiteur, qui pouvoit ſe venger, l’a fait avec un rafinement de cruauté, & c’est l’origine des tracaſſeries étudiées dont nous allons rendre compte ! Les grands d’un petit endroit, ne ſont que trop ſouvent des tyrans !… Développons la cauſe, il est temps de faire connoître le Sieur Leſens & ſes ennemis.


FAITS.


Depuis 1785, vers ſa fin, le Sieur Leſens a éprouvé bien des tourmens. Parti pour la côte d’Afrique, il y aborde avec bien de la peine ; arrivé, il s’y met à la torture pour hâter ſa traite, & ne peut la faire qu’avec beaucoup de temps. Au moment où il est près de faire embarquer ſes captifs, une tempête épouvantable enlève ſes ancres & ſes canons dans la rivière de Zinquenchor, où il alloit prendre des vivres ; ce dommage reparé en partie, il est revenu à Gorée pour reprendre les captifs dépoſés au