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PARTIE MATHÉMATIQUES.

server assiduement cette petite planète, et leurs efforts pour dresser des tables qui en pussent représenter la marche apparente. À peine ces tables étaient-elles ébauchées, que les astronomes trouvèrent des ressources inattendues. Il parut singulier qu’une planète qui, dans les lunettes ordinaires, ne se distingue des étoiles de cinquième grandeur que par une lumière un peu plus terne, eût échappé aux yeux des auteurs qui ont donné des catalogues nombreux des étoiles même beaucoup plus faibles que la planète. M. Bode eut l’idée heureuse de la chercher dans les catalogues de Flamsteed et de Mayer, et de s’assurer que deux fois déjà la planète avait été observée, mais comme une étoile ordinaire. La même recherche dans les observations de Lacaille n’eut pas le même succès, ce qui tient à ce que cet astronome faisait d’avance la liste des étoiles dont il voulait vérifier les positions, et qu’il prenait dans les anciens catalogues. D’ailleurs on sait que la mort vint le frapper avant qu’il eût achevé son catalogue des étoiles zodiacales, qui n’a paru que quelques années plus tard. Outre ces deux observations de 1690 et de 1755, Lemonnier en publia trois autres, l’une de 1764, et les deux autres de 1768. Ces dernières auraient suffi pour lui assurer l’honneur de la découverte, s’il eût pris la peine de les comparer entre elles ; car elles se trouvaient dans les circonstances les plus favorables. Avec ces secours, et en y joignant une suite d’observations d’élite faites dans un intervalle de huit ans postérieurement à la découverte, on fit des tables dans lesquelles entrèrent les perturbations produites par Jupiter et Saturne ; et ces tables, qui depuis vingt-cinq ans sont entre les mains de tous les astronomes, représentaient les mouvemens d’Uranus avec une précision dont on n’eût osé espérer qu’elles fussent susceptibles, et bien supérieure à celle qu’on avait pu donner jusqu’à cette époque à la théorie des planètes connues de tout temps. Mais il était tout-à-fait hors de vraisemblance