Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/75

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Les premières vues de Franklin sur l’analogie de l’électricité et du tonnerre n’étaient, comme les idées antérieures de Nollet, que de simples conjectures. Toute la différence, entre les deux physiciens, se réduisait alors à un projet d’expérience, dont Nollet n’avait pas parlé, et qui semblait promettre des arguments définitifs pour on contre l’hypothèse. Dans cette expérience, on devait, par un temps d’orage, rechercher si une tige métallique isolée et terminée par une pointe ne donnerait pas des étincelles analogues à celles qui se détachent du conducteur de la machine électrique ordinaire.

Sans porter atteinte à la gloire de Franklin, je dois remarquer que l’expérience proposée était presque inutile. Les soldats de la cinquième légion romaine l’avaient déja faite pendant la guerre d’Afrique, le jour où, comme César le rap porte, le fer de tous les javelots parut en feu à la suite d’un orage. Il en est de même des nombreux navigateurs à qui Castor et Pollux s’étaient montrés, soit aux pointes métalliques des mâts ou des vergues, soit sur d’autres parties saillantes de leurs navires. Enfin, dans certaines contrées, en Frioul par exemple, au château de Duino, le factionnaire exécutait strictement ce que désirait Franklin, lorsque, conformément à sa consigne, et dans la vue de décider quand il fallait en mettant une cloche en branle avertir les campagnards de l’approche d’un orage, il allait examiner avec sa hallebarde si le fer d’une pique plantée verticalement sur le rempart donnait des étincelles. Au reste, soit que plusieurs de ces circonstances fussent ignorées, soit qu’on ne les trouvât pas démonstratives, des essais di-