Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

utile d’apercevoir d’un même coup d’oeil le point de départ et la dernière station.

Le Dr Wall, qui écrivait en 1708, doit être nommé ici le premier, car on trouve dans un de ses Mémoires cette ingénieuse réflexion : « La lumière et le craquement des corps électrisés semblent, jusqu’à un certain point, représenter l’éclair et le tonnerre. » Stephen Grey publiait, à la date de 1735, une remarque analogue. « Il est probable, disait cet illustre physicien, qu’avec le temps on trouvera les moyens de concentrer de plus abondantes quantités de feu électrique et d’augmenter la force d’un agent qui, d’après plusieurs de mes expériences, s’il est permis de comparer les grandes aux petites choses, paraît être de la même nature que le tonnerre et les éclairs. »

La plupart des physiciens n’ont vu dans ces passages que de simples comparaisons. Ils ne croyent pas qu’en assimilant les effets de l’électricité à ceux du tonnerre, Wall et Grey aient prétendu en conclure l’identité des causes. Ce doute, au surplus, ne serait pas applicable aux aperçus insérés par Nollet, en 1746, dans ses Leçons de physique expérimentale. Là, en effet, suivant l’auteur, une nuée orageuse, au-dessus des objets terrestres, n’est autre chose qu’un corps électrisé placé en présence de corps qui ne le sont pas. Le tonnerre, entre les mains de la nature, c’est l’électricité entre les mains des physiciens. Plusieurs similitudes d’action sont signalées ; rien ne manque, en un mot, à cette ingénieuse théorie, si ce n’est la seule chose dont une théorie ne saurait se passer pour prendre définitivement place dans la science, la sanction d’expériences directes.