Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/80

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fait inattendue, de donner entre et des écartements angulaires des deux pailles exactement proportionnels aux charges électriques.

La lettre à Lichtenberg, en date de 1786, dans laquelle Volta établit par de nombreuses expériences les propriétés des électromètres à pailles, renferme sur les moyens de rendre ces instruments comparables, sur la mesure des plus fortes charges, sur certaines combinaisons de l’électromètre et du condensateur, des vues intéressantes dont on est étonné de ne trouver aucune trace dans les ouvrages les plus récents. Cette lettre ne saurait être trop recommandée aux jeunes physiciens. Elle les initiera à l’art si difficile des expériences ; elle leur apprendra à se défier des premiers aperçus, à varier sans cesse la forme des appareils ; et si une imagination impatiente devait leur faire abandonner la voie lente, mais certaine, de l’observation, pour de séduisantes rêveries, peut-être seront-ils arrêtés sur ce terrain glissant, en voyant un homme de génie qu’aucun détail ne rebutait. Et d’ailleurs, à une époque où, sauf quelques honorables exceptions, la publication d’un livre est une opération purement mercantile ; où les traités de science, surtout, taillés sur le même patron, ne diſfèrent entre eux que par des nuances de rédaction souvent imperceptibles ; où chaque auteur néglige bien scrupuleusement toutes les expériences, toutes les théories, tous les instruments que son prédécesseur immédiat a oubliés ou méconnus, on accomplit, je crois, un devoir en dirigeant l’attention des commençants vers les sources originales. C’est là, et là seulement qu’ils puiseront d’importants sujets de recherches ; c’est là qu’ils trouveront l’histoire fidèle des découvertes, qu’ils apprendront à distinguer clairement