Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 5.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai rendu compte de cette observation dans mon instruction sur le traitement des empoisonnés, et avec un tel résultat, que déjà deux personnes qui avaient été accusées et jugées comme coupables d’empoisonnement d’après la seule inspection des altérations de l’estomac et des intestins dans les prétendus empoisonnés, ayant fait appel à la cour de cassation, et leur cause ayant été revue, d’après la décision de cette cour, par un autre tribunal, elles ont été acquittées.

Qu’on juge par-là combien, dans cette sorte de cas, il est nécessaire de s’enquérir de l’état de la santé antécédente de la personne réputée empoisonnée, et encore combien il est utile de bien faire connaître l’état du foie et des autres parties du bas-ventre différentes de l’estomac et des intestins.

Morgagni, qui a connu toutes les causes de cette erreur, croyait, quelles que fussent ces altérations qu’on n’en pouvait rien conclure pour l’empoisonnement, et qu’il fallait toujours reconnaître clairement le poison lui-même : Res certa erit, dit-il, ubi in ventriculo aut proximis intestinis venenum ipsum reperietur, etiam facilè agnoscendum[1].

5.o  L’entérite, dans la fièvre maligne, particulièrement dans le typhus, a été bien reconnue des médecins praticiens, tant par les symptômes qu’ils ont observés, que par les résultats de l’ouverture des corps, relatifs aux intestins, qu’ils ont soigneusement recueillis mais ils n’ont pas aussi exactement remarqué dans les mêmes sujets, ni les symptômes relatifs aux affections morbides du foie, ni les altérations dans cet organe qu’on eût pu reconnaître après la mort ; ou du moins, s’ils en ont eu connaissance, ifs n’en ont pas tiré les conséquences qu’ils devaient en déduire. Je ne doute pas que, s’ils les avaient observées, ils n’eussent été convaincus que l’affection morbide du foie avait la plus grande influence sur

  1. De sed. et caus. morbor. lib. iv, epist. lix, art. 10 et 20.