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LXXX
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX DE JEAN-BAPTISTE DUMAS.

suite, le 11 avril, il s’éteignit doucement. Il n’y eut pas, à vrai dire, de maladie. Une belle mort couronna cette belle vie.

« Il a eu, a dit Wurtz sur sa tombe, le privilège de conserver jusqu’au bout la fraîcheur et la finesse de son esprit, la haute distinction de ses manières et par-dessus tout cet abord à la fois grave et bienveillant, signe visible des qualités de son cœur et qui inspirait à tous l’affection et le respect. »


Telle vient de se dérouler à nos yeux, dans ses quatre périodes successives, physiologique, chimique, administrative et académique, embrassant ensemble soixante-cinq années d’un labeur ininterrompu, la longue vie de Dumas, une vie pleine et glorieuse, à la fois fidèle à la Science et consacrée aux grands intérêts de l’humanité.

On raconte qu’à la mort du grand Cuvier Arago s’écria « Cette mort nous rapetisse tous. » En rappelant cette parole en 1885, Pasteur ajoutait : « Je ne serai pas démenti si je dis à mon tour que la mort de Dumas nous a tous diminués. » Et plus tard il formulait sur son illustre maître et ami ce jugement définitif, que nous retiendrons en terminant « Il est un petit nombre d’hommes aussi bien faits pour le travail silencieux que pour les débats des grandes Assemblées. En dehors des études personnelles qui leur assurent dans la postérité une place à part, ils ont l’esprit attentif à toutes les idées générales et le cœur ouvert à tous les sentiments généreux. Ces hommes-là sont les esprits tutélaires d’une nation. Dumas en fut, dès sa jeunesse, un type souverain. »

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