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des prix dont elle dispose, elle lui décerna cependant en 1885 le prix Poncelet et en 1896, alors qu’il nous appartenait, le prix Jean Reynaud, sur le désir exprimé par la fondatrice de ce dernier prix. Il fut nommé en 1893 membre du Bureau des Longitudes, au titre de l’Académie des Sciences. Enfin en 1908, peu après la mort de Berthelot, l’Académie française lui décerna le suprême honneur, en l’appelant à occuper le fauteuil du grand poète Sully Prudhomme. Vous vous souvenez encore des mémorables discours qui furent prononcés ici même, le 28 janvier 1909, dans la séance où il fut reçu par M. Frédéric Masson.


XVIII.


Tous ces succès étaient des témoignages de l’admiration et de l’estime que ses confrères et ses pairs avaient pour lui ; mais les Ouvrages de Philosophie qu’il publia à partir de 1902, La Science et l’Hypothèse, Science et Méthode, la Valeur de la Science, lui valurent une popularité que n’avaient connue ni Cauchy, ni Hermite, ni Joseph Bertrand. Tirés à un nombre prodigieux d’exemplaires, ils ont été traduits en allemand, en anglais, en espagnol, en hongrois, en suédois, en japonais. Je n’oserais affirmer qu’ils ont été pleinement compris de tous ; pour saisir la pensée de leur auteur, une forte culture scientifique est nécessaire, qui manque à plus d’un ; mais l’autorité joue encore quelque rôle dans ce monde, et c’est avec un sentiment de déférence bien naturel qu’on discutait les idées et qu’on accueillait les théories d’un si grand savant.

Devenu populaire, il connut les avantages et quelques-uns des inconvénients de la popularité. La Revue bleue, ayant ouvert en 1904 une enquête sur la participation des savants à la politique, lui demanda son opinion sur cette question. Poincaré lui répondit par une lettre très spirituelle dont je vous demande la permission de citer la fin :


Vous me demandez si les savants politiques doivent combattre ou appuyer le bloc