Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ministériel ? Ah ! pour le coup, je me récuse ; chacun devra voter suivant sa conscience ; je suppose que tous ne penseront pas sur ce point de la même manière, et vraiment je ne saurais m’en plaindre. S’il y a des savants dans la politique, il faut qu’il y en ait dans tous les partis ; et, en effet, il est indispensable qu’il y en ait du côté du manche. La Science a besoin d’argent, et il ne faut pas que les gens au pouvoir puissent se dire : la Science, c’est l’ennemi[1].


En 1911, ce fut le journal l’Opinion qui sollicita son avis sur la prépondérance politique du Midi. Un de ses rédacteurs avait conclu que « la France est gouvernée par le Midi et qu’elle l’est de plus en plus ». Poincaré donna son opinion, le 25 mars 1911. Elle n’était pas précisément favorable aux hommes du Midi. Mais ceux-ci peuvent s’en consoler. Le Midi est si grand que chacun peut bien supposer qu’il est d’une région à laquelle ne s’appliquent pas les appréciations de notre Confrère.

Il a été appelé aussi à publier son opinion sur la Représentation proportionnelle ; il a même écrit la Préface de l’Ouvrage de M. G. Lachapelle intitulé : La Représentation proportionnelle en France et en Belgique. Les auteurs des Traités sur le Calcul des probabilités, Bertrand entre autres, se sont beaucoup préoccupés de la question électorale, et les résultats auxquels il sont parvenus mériteraient d’être pris en considération. Mais ce n’est pas ici qu’il convient de les discuter.

Cette popularité, cette autorité qu’il s’était si légitimement acquises, le faisaient rechercher de tous côtés. En 1903, appelé à présider le XIXe banquet de l’Association générale des Étudiants, il prononça une belle allocution sur la vérité scientifique et la vérité morale, engageant ses auditeurs à les unir dans un même culte. L’œuvre de Foi et Vie ne fit pas en vain appel à son concours ; Poincaré lui donna en 1910 une conférence sur les bases de la morale, intitulée : La Morale et la Science et, en mars 1912, une autre sur un sujet moins troublant : Les conceptions nouvelles de la matière.

  1. Revue bleue, 1904, p. 708.