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IV

leur avoir donné cette suprême satisfaction, tous ses amis, tous ses élèves, tous les témoins de sa vie, tous ceux qui l’ont connu et aimé. Après tant d’autres, l’un d’eux, l’un des plus anciens et non le moins dévoué de ses élèves, qui lui a succédé dans sa chaire du Muséum d’Histoire naturelle, le regretté N. Gréhant, ne vient-il pas d’être enlevé brusquement à la Science ? Pour ceux qui restent, cruel avertissement !


I.


Bernard (Claude) naquit au petit village de Saint-Julien, près de Villefranche-sur-Saône (Rhône), le 12 juillet 1813, dans une maison de vignerons qui lui resta toujours chère et où il passa jusqu’aux derniers temps ses moments les plus doux. « J’habite, écrivait-il, sur les coteaux du Beaujolais qui font face à la Dombe. J’ai pour horizon les Alpes, dont j’aperçois les cimes blanches quand le ciel est clair. En tout temps, je vois se dérouler, à deux lieues devant moi, les prairies de la vallée de la Saône. Sur les coteaux où je demeure, je suis noyé à la lettre dans des étendues sans bornes de vignes, qui donneraient au pays un aspect monotone, s’il n’était coupî par des vallées ombragées et par des ruisseaux qui descendent des montagnes vers la Saône. Ma maison, quoique située sur une hauteur, est comme un nid de verdure, grâce à un petit bois qui l’ombrage vers la droite, et à un verger qui s’y appuie sur la gauche haute rareté dans uri pays où l’on défriche même les buissons, pour planter de la vigne ! » Ce village natal tant aimé, il y revenait fidèlement plusieurs mois chaque année, à l’époque des vacances, se reposer de ses fatigues et prendre de nouvelles forces pour les prochains labeurs. Laissant alors à Paris tout travail scientifique, il redevenait pour un temps campagnard et vigneron, se mêlant aux modestes paysans ses voisins, s’intéressant à leurs affaires, se faisant humble et simple comme eux. C’est là aussi