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Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/163

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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

visite me déplaît beaucoup et d’autant plus que madame de Lorraine est à Ham, village et peut-être maison qu’habite aussi madame de Matignon. Il est inutile d’après cela de vous expliquer le désagrément que j’en attends. Je vous en rendrai compte à mon retour ou demain matin. Vous voilà, ma chère maman, parfaitement instruite de tout ce que je fais. — On dit qu’il faut que je parte à cause des portes qui se ferment à trois heures et demie. Vous savez si vous êtes aimée de votre Adèle.


Vendredi, 6 décembre.

Ma visite s’est passée mieux que je ne l’espérais. Madame de Lorraine est en ce moment chez un anglais, un colonel Wood ; c’est là qu’elle nous a reçus. Il ne s’est rien passé d’intéressant dans la conversation qui n’a roulé que sur les lieux communs et qui n’a été marquée que par beaucoup de politesse de part et d’autre. Madame de Lorraine doit venir ce matin chez moi, où je l’attends. — Monsieur de Boigne s’est enfin décidé pour Altona où nous allons dès aujourd’hui. Peu m’importe le lieu que j’habite maintenant. J’espérais cependant ne rester dans la contrée que trois ou quatre jours et il paraît que je suis destinée à y passer trois semaines. Les détails que l’on nous donne sur la route que nous allons entreprendre sont véritablement effrayants. Nous mettrons au moins quinze jours pour nous rendre à Copenhague, et souvent on est ballotté pendant deux ou trois jours dans un bateau ouvert pour passer le grand Belt. Du reste, on ne trouve pas même de pain dans les auberges. Cependant, j’attends avec impatience le moment de commencer ce voyage, s’il est vrai que ce che-