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dans la vessie des poissons.

espèce se pêche constamment près du rivage, dans une ou deux brasses d’eau, tandis que telle autre ne se trouvera que loin des côtes, et à la profondeur de deux ou trois cents brasses. Ce qui doit déja rendre moins extraordinaire qu’il existe quelque rapport entre la constitution de ces animaux, et la profondeur à laquelle ils vivent, sans que l’on connoisse pour cela la cause qui les y retient.

Il y a plus, l’idée que l’on pourroit se faire de l’usage illimité de la vessie natatoire seroit inexacte dans le plus grand nombre des espèces ; car les changemens instantanés de profondeur permis à chaque individu paroissent compris dans certaines limites qu’il ne peut dépasser tout-à-coup, et s’il parvient à les franchir, ce n’est qu’avec le tems, après que la nature a changé peu-à-peu sa constitution.

La première fois que j’eus occasion d’observer ce phénomène, ce fut sur un assez gros poisson que l’on nomme en espagnol mero. Un individu de cette espèce ayant été envoyé d’Yviza à la station de Campvey, où je me trouvois alors pour le travail de la méridienne, je remarquai avec surprise, que sa bouche toute béante étoit entièrement remplie par un corps arrondi et élastique que je reconnus avec plus de surprise