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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/19

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À MA FEMME ET À MES DEUX FILS.

Ma chère femme, mes chers enfants, j’ai assisté, quoique bien jeune encore, à la grande et terrible Révolution de 1789. J’ai vécu sous la Convention et le Directoire. J’ai vu l’Empire. J’ai pris part à ses guerres gigantesques et j’ai failli être écrasé par sa chute. J’ai souvent approché de l’empereur Napoléon. J’ai servi dans l’état-major de cinq de ses plus célèbres maréchaux, Bernadotte, Augereau, Murat, Lannes et Masséna. J’ai connu tous les personnages marquants de cette époque. J’ai subi l’exil en 1815. J’avais l’honneur de voir très souvent le roi Louis-Philippe, lorsqu’il n’était encore que duc d’Orléans, et après 1830, j’ai été pendant douze ans aide de camp de son auguste fils, le prince royal, nouveau Duc d’Orléans. Enfin, depuis qu’un événement funeste a ravi ce prince à l’amour des Français, je suis attaché à la personne de son auguste fils, le Comte de Paris.

J’ai donc été témoin de bien des événements, j’ai beaucoup vu, beaucoup retenu, et puisque vous désirez depuis longtemps que j’écrive mes Mémoires, en faisant marcher de front le récit de ma vie et celui des faits mémorables auxquels j’ai assisté, je cède à vos instances.