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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/190

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

jours par semaine, manège civil sous les célèbres écuyers Jardins et Coupé, et nous nous y rendions quand cela nous convenait. L’après-midi, un excellent vétérinaire, M. Valois, faisait un cours d’hippiatrique, mais personne ne contraignait les élèves à l’assiduité ni à l’étude. Les trois autres jours étaient consacrés à la partie militaire. Le matin, manège réglementaire tenu par les deux seuls capitaines de l’école, et l’après-midi, théorie faite par eux. Une fois les exercices terminés, les capitaines disparaissaient, et chaque élève allait où bon lui semblait.

Il fallait, vous en conviendrez, une bien grande volonté d’apprendre pour réussir dans une école aussi mal tenue, et cependant la majeure partie des élèves faisaient des progrès, parce que, destinés à devenir instructeurs dans leurs régiments respectifs, leur amour-propre les portait à craindre de ne pas être à la hauteur de ces fonctions. Ils travaillaient donc passablement, mais pas à beaucoup près autant qu’on le fait actuellement à l’école de Saumur. Quant à la conduite, nos chefs ne s’en informaient même pas, et pourvu que les élèves ne portassent pas le trouble dans l’intérieur de l’établissement, on leur laissait faire tout ce qui leur plaisait. Ils sortaient à toutes heures, n’étaient assujettis à aucun appel, mangeaient dans les hôtels qui leur convenaient, découchaient, et allaient même à Paris sans en demander la permission. Les élèves sous-officiers avaient un peu moins de liberté. Deux adjudants assez sévères les commandaient et les forçaient de rentrer à dix heures du soir.

Comme chacun de nous portait le costume de son régiment, la réunion de l’école offrait un spectacle étrange, mais intéressant, lorsque, le premier de chaque mois, nous passions en grande tenue la revue destinée à l’éta-