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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/258

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

cette cité, le grand bras se trouvant à plus d’une demi-lieue au delà. Le Danube forme sur ce dernier point une grande quantité d'îles, réunies par une longue série de ponts en bois, terminée par celui qui, jeté sur le grand bras, s’appuie sur la rive gauche au lieu nommé Spitz. La route de Moravie passe sur cette longue série de ponts. Lorsque les Autrichiens défendent un passage de rivière, ils ont la très mauvaise habitude d’en conserver les ponts jusqu’au dernier moment, afin de se ménager la faculté de faire des retours offensifs contre l’ennemi, qui presque jamais ne leur en donne le temps, et leur enlève de vive force les ponts qu’ils ont négligé de brûler. C’est ce qu’avaient fait les Français dans la campagne d’Italie, en 1796, aux mémorables affaires de Lodi et d’Arcole. Cependant, ces exemples n’avaient pu corriger les Autrichiens, car, après avoir abandonné Vienne, qui n’était pas susceptible de défense, ils se retirèrent de l’autre côté du Danube, sans détruire un seul des ponts jetés sur ce vaste cours d’eau, et se bornèrent à disposer des matières incendiaires sur le tablier du grand pont, afin de le brûler lorsque les Français paraîtraient. Ils avaient en outre établi sur la rive gauche, à l’extrémité du pont de Spitz, une forte batterie d’artillerie, ainsi qu’une division de six mille hommes, aux ordres du prince d’Auersperg, brave militaire, mais homme de peu de moyens. Or, il faut savoir que quelques jours avant l’entrée des Français dans Vienne, l’Empereur avait reçu le général autrichien comte de Giulay, venu en parlementaire pour lui faire des ouvertures de paix qui n’avaient pas eu de résultats. Mais à peine l’avant-garde fut-elle maîtresse de Vienne, et Napoléon établi au château royal de Schœnbrünn, qu’on vit revenir le général de Giulay, qui passa plus d’une heure en tête-à-tête avec l’Empereur. Dès lors, le bruit qu’un armistice