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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/259

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SURPRISE DES PONTS DU DANUBE.

venait d’être conclu courut tant parmi les régiments français entrant à Vienne, que parmi les troupes autrichiennes qui sortaient de la ville pour se porter au delà du Danube.

Murat et Lannes, auxquels l’Empereur avait ordonné de tâcher de s’emparer du passage du Danube, marchèrent vers les ponts, placèrent les grenadiers d’Oudinot derrière les plantations touffues, puis s’avancèrent, accompagnés seulement de quelques officiers parlant allemand. Les petits postes ennemis tirent sur eux en se repliant. Les deux maréchaux font crier aux Autrichiens qu'il y a armistice, et, continuant à marcher, ils traversent sans obstacle tous les petits ponts, et, arrivés au grand, ils renouvellent leur assertion au commandant de Spitz, qui n’ose faire tirer sur deux maréchaux presque seuls, et affirmant que les hostilités sont suspendues. Cependant, avant de les laisser passer, il veut aller lui-même prendre les ordres du général d’Auersperg ; mais pendant qu’il se rend près de lui, en laissant le poste à un sergent, Lannes et Murat persuadent à celui-ci que, le traité portant que le pont leur sera livré, il faut qu’il aille avec ses soldats rejoindre son officier sur la rive gauche. Le pauvre sergent hésite… On le pousse tout doucement en continuant à lui parler, et par une marche lente, mais continue, on arrive à l’extrémité du grand pont.

Un officier autrichien veut alors allumer les matières incendiaires ; on lui arrache des mains la lance à feu en lui disant qu’il se perdra s’il commet un tel crime !… Cependant la colonne des grenadiers d’Oudinot paraît et s’engage sur le pont… Les canonniers autrichiens vont faire feu… Les maréchaux français courent vers le commandant de cette artillerie, auquel ils renouvellent l’assurance d’un armistice conclu ; puis, s’asseyant sur les pièces, ils engagent les artilleurs à faire prévenir de