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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/290

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

ne me convenait guère ; je suivis cependant, parce que, la nuit approchant, je craignais de m’éloigner du champ de bataille, et d’ailleurs, en allant au pas, le froid m’eût saisi.

Lorsque j’arrivai dans la cour du château d’Austerlitz, il fallut plusieurs hommes pour m’aider à mettre pied à terre. Un frisson général s’empara de tout mon corps, mes dents claquaient, j’étais fort malade. Le colonel Dahlmann, major des chasseurs à cheval de la garde, qui venait d’être nommé général en remplacement de Morland, sans doute reconnaissant du service que j’avais rendu à celui-ci, me conduisit dans une des granges du château, où il s’était établi avec ses officiers. Là, après m’avoir fait prendre du thé bien chaud, son chirurgien me frictionna tout le corps avec de l’huile tiède ; on m’emmaillota dans plusieurs couvertures et l’on me glissa dans un énorme tas de foin, en ne me laissant que la figure dehors. Une douce chaleur pénétra peu à peu mes membres engourdis ; je dormis fort bien, et grâce à ces bons soins, ainsi qu’à mes vingt-trois ans, je me retrouvai le lendemain matin frais, dispos, et je pus monter à cheval pour assister à un spectacle d’un bien haut intérêt.