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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/299

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MISSION AUPRÈS DE L’EMPEREUR.

j’avais commencée et de conduire N… dans le Quercy. J’y consentis, dans l’espoir de revoir ma mère, tout en faisant observer que je ne pouvais partir que dans vingt-quatre heures, le maréchal Augereau m’ayant chargé de dépêches pour l’Empereur, que j’allai rejoindre à Rambouillet, où je me rendis officiellement le jour même.

J’ignore ce que contenaient les dépêches dont j’étais porteur, mais elles rendirent l’Empereur fort soucieux. Il manda M. de Talleyrand et partit avec lui pour Paris, où il m’ordonna de le suivre et de me présenter chez le maréchal Duroc le soir. J’obéis.

J’attendais depuis longtemps dans un des salons des Tuileries, lorsque le maréchal Duroc, sortant du cabinet de l’Empereur dont il laissa la porte entr’ouverte, ordonna de vive voix à un officier d’ordonnance de se préparer à partir en poste pour une longue mission. Mais Napoléon s’écria : « Duroc, c’est inutile, puisque nous avons ici Marbot qui va rejoindre Augereau ; il poussera jusqu’à Berlin, dont Francfort est à moitié chemin. » En conséquence, le maréchal Duroc me prescrivit de me préparer à me rendre à Berlin avec les dépêches de l’Empereur. Cela me contraria, parce qu’il fallait renoncer à aller embrasser ma mère ; mais force fut de me résigner. Je courus donc à Neuilly prévenir Murat. Quant à moi, croyant ma nouvelle mission très pressée, je retournai aux Tuileries ; mais le maréchal Duroc me donna jusqu’au lendemain matin. J’y fus au lever de l’aurore, on me remit au soir ; puis le soir au lendemain, et ainsi de suite pendant plus de huit jours.

Cependant, je prenais patience, parce que chaque fois que je me présentais, le maréchal Duroc ne me tenait qu’un instant, ce qui me permettait de courir dans Paris. Duroc m’avait remis une somme assez forte, destinée à renouveler mes uniformes tout à neuf, afin de paraître sur un