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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/310

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

santes. Les avant-gardes française et prussienne se rencontrèrent enfin le 9 octobre à Schleitz ; il y eut sous les yeux de l’Empereur un petit combat, où les ennemis furent battus : c’était pour eux un début de mauvais augure.

Le même jour, le prince Louis se trouvait, avec un corps de dix mille hommes, posté à Saalfeld. Cette ville est située sur les rives de la Saale, au milieu d’une plaine à laquelle on arrive en traversant des montagnes fort abruptes. Les corps des maréchaux Lannes et Augereau s’avançant sur Saalfeld par ces montagnes, le prince Louis, puisqu’il voulait attendre les Français, aurait dû se placer dans cette contrée difficile et remplie de défilés étroits, où peu de troupes peuvent en arrêter de fort nombreuses ; mais il négligea cet avantage, probablement par suite de la persuasion où il était que les troupes prussiennes valaient infiniment mieux que les troupes françaises. Il poussa même le mépris de toute précaution jusqu’à placer une partie de ses forces en avant d’un ruisseau marécageux, ce qui rendait leur retraite fort difficile en cas de revers. Le vieux général Muller, Suisse au service de la Prusse, que le Roi avait placé auprès de son neveu pour modérer sa fougue, ayant fait à celui-ci quelques observations à ce sujet, le prince Louis les reçut fort mal, en ajoutant que pour battre les Français il n’était pas besoin de prendre tant de précautions, et qu’il suffisait de tomber dessus dès qu’ils paraîtraient.

Ils parurent le 10 au matin, le corps du maréchal Lannes en première ligne, celui d’Augereau en seconde ; mais ce dernier n’arriva pas à temps pour prendre part au combat. Sa présence était d’ailleurs inutile, les troupes du maréchal Lannes se trouvant plus que suffisantes. En attendant que son corps d’armée fût sorti du défilé,