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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/319

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BATAILLE D’IÉNA.

mandé par le général Ruchel, arrêta un moment nos colonnes ; mais, chargé par la cavalerie française, il fut presque entièrement détruit, et le général Ruchel tué.

La 1re division du maréchal Augereau, en débouchant du Landgrafenberg dans la plaine, se réunit à la 2e, arrivant par le Mühlthal, et le corps d’armée longeant la route d’Iéna à Weimar s’empara d’abord de Cospoda, et puis du bois d’Iserstædt, tandis que le maréchal Lannes prenait Viersehn-Heilingen et le maréchal Soult Hermstædt.

L’infanterie prussienne, dont j’ai déjà fait connaître la mauvaise composition, se battit fort mal, et la cavalerie ne fit guère mieux. On la vit à plusieurs reprises s’avancer à grands cris sur nos bataillons ; mais, intimidée par leur attitude calme, elle n’osa jamais charger à fond ; arrivée à cinquante pas de notre ligne, elle faisait honteusement demi-tour au milieu d’une grêle de balles et des huées de nos soldats.

Les Saxons combattaient avec courage : ils résistèrent longtemps au corps du maréchal Augereau, et ce ne fut qu’après la retraite des troupes prussiennes que, s’étant formés en deux grands carrés, ils commencèrent leur retraite, tout en continuant à tirer. Le maréchal Augereau, admirant le courage des Saxons, et voulant ménager le sang de ces braves gens, venait d’envoyer un parlementaire pour les engager à se rendre, puisqu’ils n’avaient plus d’espoir d’être secourus, lorsque le prince Murat, arrivant avec sa cavalerie, lança les cuirassiers et les dragons, qui, chargeant à outrance sur les carrés saxons, les enfoncèrent et les contraignirent à mettre bas les armes ; mais, le lendemain, l’Empereur les rendit à la liberté et les remit à leur souverain, avec lequel il ne tarda pas à faire la paix.

Tous les corps prussiens qui avaient combattu devant