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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/333

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ATTITUDE DE BERNADOTTE.

mais qu’il croyait fort sensés et faits pour perfectionner mon éducation militaire. Nous retrouverons en Espagne ce type des anciens housards.

Napoléon, étant encore à Berlin, apprit la capitulation du prince de Hohenlohe, qui venait de mettre bas les armes avec seize mille hommes à Prenzlow, devant les troupes du maréchal Lannes et la cavalerie de Murat. Il ne restait plus de corps ennemi en campagne, si ce n’est celui du général Blücher, devenu depuis si célèbre. Ce général, serré de près par les divisions des maréchaux Soult et Bernadotte, viola la neutralité de la ville de Lubeck, dans laquelle il chercha un refuge ; mais les Français l’y poursuivirent, et Blücher, l’un des plus ardents instigateurs de la guerre contre Napoléon, fut obligé de se rendre prisonnier avec les seize mille hommes qu’il commandait.

Je dois ici vous faire connaître un fait des plus remarquables, et qui prouve combien le hasard influe sur la destinée des empires et des hommes.

Vous avez vu que le maréchal Bernadotte, manquant à ses devoirs le jour d’Iéna, s’était tenu à l’écart pendant que le maréchal Davout combattait non loin de lui, contre des forces infiniment supérieures. Eh bien ! cette conduite inqualifiable lui servit à monter sur le trône de Suède, et voici comment.

Après la bataille d’Iéna, l’Empereur, bien que furieux contre Bernadotte, le chargea de poursuivre les ennemis, parce que le corps d’armée que ce général commandait, n’ayant même pas tiré un coup de fusil, était plus à même de combattre que ceux qui avaient essuyé des pertes. Bernadotte se mit donc sur la trace des Prussiens, qu’il battit d’abord à Hall, puis à Lubeck, avec l’appui du maréchal Soult. Or, le hasard voulut qu’à l’heure même où les Français attaquaient Lubeck, des