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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/359

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BATAILLE D’EYLAU.

lançait à la figure une neige fort épaisse qui empêchait de voir à plus de quinze pas, de sorte que plusieurs batteries françaises tirèrent sur nous en même temps que celles des ennemis. Le maréchal Augereau fut blessé par un biscaïen.

Cependant, le dévouement du 7e corps venait de produire un bon résultat, car non seulement le maréchal Davout, dégagé par notre attaque, avait pu se maintenir dans ses positions, mais il s’était emparé de Klein-Sausgarten et avait même poussé son avant-garde jusqu’à Kuschitten, sur les derrières de l’ennemi. Ce fut alors que l’Empereur, voulant porter le grand coup, fit passer entre Eylau et Rothenen quatre-vingt-dix escadrons commandés par Murat. Ces terribles masses, fondant sur le centre des Russes, l’enfoncent, le sabrent et le jettent dans le plus grand désordre. Le vaillant général d’Hautpoul fut tué dans la mêlée à la tête de ses cuirassiers, ainsi que le général Dahlmann, qui avait succédé au général Morland dans le commandement des chasseurs de la garde. Le succès de notre cavalerie assurait le gain de la bataille.

En vain huit mille Prussiens, échappés aux poursuites du maréchal Ney, débouchant par Althoff, essayèrent-ils une nouvelle attaque en se portant, on ne sait trop pourquoi, sur Kuschitten, au lieu de marcher sur Eylau ; le maréchal Davout les repoussa, et l’arrivée du corps de Ney, qui parut vers la chute du jour à Schmoditten, faisant craindre à Benningsen de voir ses communications coupées, il ordonna de faire la retraite sur Kœnigsberg et de laisser les Français maîtres de cet horrible champ de bataille, couvert de cadavres et de mourants !… Depuis l’invention de la poudre, on n’en avait pas vu d’aussi terribles effets, car, eu égard au nombre de troupes qui combattaient à Eylau, c’est de toutes les