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PREMIERS FAITS D’ARMES

de cheval, le militaire le plus élevé en grade était après lui le maréchal des logis Canon, beau jeune homme, ayant beaucoup de moyens, d’instruction, et surtout d’assurance.

Le général Séras, à la tête de sa division, se porta le lendemain sur le mont Santo-Giacomo, que nous trouvâmes couvert de neige et sur lequel nous bivouaquâmes. On devait, le jour suivant, marcher en avant avec la presque certitude de trouver les ennemis ; mais quel en serait le nombre ?… C’est ce que le général ignorait complètement, et comme les ordres du général en chef lui prescrivaient de reconnaître la position des Autrichiens sur ce point de la ligne, mais avec défense d’engager le combat s’il trouvait les ennemis en force, le général Séras avait réfléchi qu’en portant sa division d’infanterie en avant au milieu des montagnes, où souvent on n’aperçoit les colonnes que lorsqu’on se trouve en face d’elles au détour d’une gorge, il pourrait être amené, malgré lui, à un combat sérieux contre des forces supérieures et obligé de faire une retraite dangereuse. Il avait donc résolu de marcher avec précaution et de lancer à deux ou trois lieues en avant de lui un détachement qui pût sonder le pays et surtout faire quelques prisonniers, dont il espérait tirer d’utiles renseignements, car les paysans ne savaient ou ne voulaient rien dire. Mais, comme le général sentait aussi qu’un détachement d’infanterie serait compromis s’il l’envoyait trop loin, et que, d’ailleurs, des hommes à pied lui apporteraient trop tard les nouvelles qu’il désirait ardemment savoir, ce fut aux cinquante housards qu’il donna la mission d’aller à la découverte et d’explorer le pays. Or, comme la contrée est fort entrecoupée, il remit une carte à notre sous-officier, lui donna toutes les instructions écrites et de vive voix, en présence du