Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/104

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Ne va donc plus, courbant ton front dans la poussière,
Aux terreurs de tes nuits élever un autel.

Comme le voyageur qui voit dans un nuage
Briller sur certains monts sa gigantesque image,
Ainsi, voyant passer, dans le désert des cieux,
Aux clartés de la foudre, un grand fantôme sombre,
Timide et n’osant pas reconnaître ton ombre,
Tu te pris à trembler, et tu baissas les yeux.

Relève enfin la tête, et soudain en fumée
Sous ton souffle fuira la larve inanimée.
Les temps sont maintenant accomplis : Zeus est mort.
L’Idéal est en toi : voila le dieu suprême ;
Oui, le temple, le prêtre et le dieu, c’est toi-même.
Contemple ta grandeur : te voilà seul, mais fort.

De cet orgueil divin je t’ai donné l’exemple :
La science est le dieu dont mon âme est le temple.