Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prenions en commun, le général cligna des yeux vers une planche et dit :

— Si nous goûtions un peu de ce Musigny !

— Si tu veux…

Hervé se leva, sans la moindre méfiance. Il s’empara de la bouteille, fit sauter le bouchon, leva les yeux vers le ciel absent et commença à déguster :

— À la vôtre, les enfants !

Le vin était encore plus aigre et plus nauséabond que d’habitude. Nous y trempâmes à peine nos lèvres. Mais Hervé, lui, se versa une large rasade :

— Fameux, tout de même. Allons ! Je bois t’en fer-blanc !

Nous avions du mal à ne pas éclater de rire…. Et naturellement, nos verres demeuraient pleins. Si bien qu’Hervé, candidement, nous dit :

— Eh bien ! quoi ! vous ne buvez donc pas ? Ah ! je vois que vous ne savez pas ce qui est bon.

Et il se versa une deuxième tournée.


Le soir, il finit la bouteille. Très charitablement et connaissant son goût pour les « bonnes choses », nous le priâmes de s’adjuger notre part.

Il y eut aussi une histoire de vin du Loupillon qui nous amusa fort.

Chaque fois qu’il venait à la Santé, Hervé réclamait un peu de ce vin délicieux, du Loupillon dont L’Œuvre nous avait fait cadeau. On trinquait à la ronde. Ils sont assez nombreux les militants qui ont dégusté cet admirable pinard, aigrelet et fade tout à la fois. Mais Hervé est celui qui en a absorbé le plus (ce n’est