Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/249

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— Je n’ai connu qu’un républicain, dans le Var. C’était Charles Méric.

Ce qui n’était pas très flatteur pour les autres. Mais Blanqui, aussitôt, d’ajouter :

— Seulement, il avait un bien sale caractère.

Le vieux s’y connaissait en « mauvais caractères ».

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Mais je m’égare. Revenons à Clemenceau. Cette digression, d’ailleurs, n’est pas tout à fait inutile, en ce sens qu’elle situe le « Var rouge », et aidera à faire comprendre les perplexités du Vendéen soumis à la réélection sénatoriale. Il avait beau se trouver à la présidence du Conseil, disposer de la toute-puissance, tenir dans ses mains le préfet Raux, un pauvre homme qui devint par la suite préfet de police à Paris, il sentait que la partie était dangereuse : Le Var bougeait. Les rapports qu’on lui adressait sur l’état des esprits n’étaient rien moins que rassurants.

Clemenceau, pratique avant tout, songea alors à une réconciliation avec mon père. Il lui envoya des amis. Au nombre de ceux-là, M. Thomson, qui vit toujours et ne pourra certes nier ces démarches.

M. Thomson disait à mon père :

— Voyons… c’est absurde… Vous ne pouvez aller à la bataille ainsi… Clemenceau ne vous demande nullement d’abandonner votre position. Mais qui vous empêche de vous présenter, les uns et les autres isolément, sans faire de listes ?