Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/68

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— C’est de l’enfantillage. Le monde marche et vous voulez vous mettre en travers.

N’empêche que cet après-midi dans le parloir et le jardin de la Santé où jouait un pâle rayon de soleil, égaré entre les murs rigides, la réception fut plutôt fraîche et embarrassée. Les visiteurs étaient, du reste, fort nombreux : beaucoup d’ouvriers avec leur famille, des confrères, des hommes politiques de notre côté. Dans le rayon royaliste, avec petits fours et gâteaux, des dames, des militaires. J’ai entrevu plusieurs fois le fameux Paty du Clam, l’un des plus sombres héros de l’affaire Dreyfus. Il me fut même présenté. Je le saluai froidement sans lui tendre la main.

Je ne puis m’empêcher de rire en songeant aujourd’hui à la déconvenue formidable de nos bons royalistes qui avaient rêvé d’exécuter symboliquement cette affreuse République et qui voyaient les révolutionnaires se dresser contre ce beau projet. Je revois la grimace de Photius, philosophe des Martigues, et j’imagine la missive désolée qu’un jour de fête nationale 1909, dut recevoir, de son féal Jopu, ce cher affectionné Philippe.

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Un autre incident, parmi ceux qui marquèrent notre séjour à la Santé, ce fut celui dit des « menottes ». Cela avait débuté avec André Gaucher que l’on conduisait, de temps en temps, chez le juge d’instruction. À cette époque, les prisonniers politiques étaient