Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/101

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« Ce monstre bafouait l’autorité souveraine du Peuple. Il brisait les idoles du Temple de la Démocratie. Il niait l’Idéal social. La foule se hérissait de poings tendus. Un grondement la soulevait et, de vague en vague, l’injure et la menace roulaient jusqu’à Libertad. Déjà ses jeunes disciples repoussaient courageusement les premiers assauts de la collective Bête. Mais soudain ce fut comme une ruée de cochons saouls…

« Il reçut un coup de pied dans le ventre. Alors se couchant sur un mur, tout droit, d’un effort décidé de ses pauvres jambes rompues, il se tint sur une seule béquille et prenant l’autre à plein poing par sa base, il la brandit comme une massue. Ah ! du moins, s’il fallait qu’un sage mourût en ce jour, ce ne serait pas comme Pythagore traqué et s’arrêtant au bord d’un champ pour tendre sa poitrine aux coups de la foule. Il y avait trop longtemps, qu’à travers les siècles, les hommes sociaux se répétaient à plaisir que les philosophes se laissaient tuer avec résignation.

« Sa tête nue contre la pierre, le front très haut dans la clarté, ses yeux semblaient lancer des éclairs, et au bout de sa manche noire, en son poing de fer, dansait sa vieille béquille de bois. Elle tombait, tombait sans cesse et retombait d’un seul mouvement pour un moulinet de la mort. Elle frappait à droite, à gauche, devant elle, partout sur la bête grouillante autour de son