Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/181

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par une sorte de curiosité morbide, les autres par nécessité professionnelle, succombaient à la chaleur et à la fatigue ; mais nul ne songeait à déserter. On apporta des provisions du dehors. Et l’on vit ce spectacle étrange de groupes qui mangeaient sur les bancs, causaient, discutaient avec animation sous les regards bienveillants des gardes municipaux, cependant qu’à deux pas, dans une autre salle, se jouait le sort de quelques hommes.

Il y avait aussi des femmes — il y a toujours certaines femmes aux grands procès, là où il s’agit de mort et de sang — et qui riaient. Les mêmes femmes qui s’en vont, au petit jour, rôder autour de la guillotine. Des femmes ? Pas de mères, sûrement, ni des amantes.

Le matin vint lentement. Quatre heures.

Une rumeur. Les jurés.

Cela faisait treize heures, treize mortelles heures qu’ils délibéraient. Ceux-là avaient pris leur rôle au sérieux pendant que la foule qui garnissait la grande salle des Assises s’installait commodément pour manger, plaisanter, bavarder…

Une pesante angoisse tomba sur tous les fronts. Un silence glacial s’établit. Pas un chuchotement. Pas même un mouvement.

Le président du jury, dont la voix tremblait, commença la lecture du verdict. Les « oui » et les « non » se succédaient. Et, tout d’abord, on ne comprit pas très bien. Mais bientôt l’on sut. Quatre des accusés étaient acquittés.