Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/268

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avoir paru. Comme vous connaissez l’anecdote, vous voudrez bien, j’espère, attendre mon retour pour avoir un volume.

Savez-vous que de tous côtés m’arrivaient des compliments sur la succession de M. Mocquard ? Je n’y croyais nullement ; mais, à force de voir mon nom dans l’Indépendance belge, dans le Times et dans la Gazette d’Augsbourg, j’avais fini par être un peu inquiet. De l’humeur dont vous me connaissez, vous devez penser comme la place me convenait et comme j’y convenais. Aussi, je respire plus librement depuis quelques jours. Y a-t-il des romans nouveaux pour Noël ? je dis des romans anglais, car c’est l’époque où ils éclosent ! Je n’ai presque pas de livres ici et j’ai envie d’en faire venir. Quand je suis pris de mes quintes de toux la nuit et que je ne puis dormir, je suis malheureux comme les pierres. Figurez-vous que j’ai lu les Entretiens de Lamartine. Je suis tombé sur une vie d’Aristote, où il dit que la retraite des Dix mille eut lieu après la mort d’Alexandre. En vérité, ne vaudrait-il pas mieux vendre des plumes métalliques à la porte des Tuileries que de dire de pareilles énormités ?