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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

L’Administrateur, donnant la lettre.

À la bonne heure. Tenez… permettez. (Il met le doigt sur une ligne.) C’est à partir d’ici qu’il faut lire.

Le Directeur.

Lisez tout ! morbleu ! lisez tout.

Korobkine

« L’administrateur des établissements de bienfaisance, Zemlianika, est un cochon en bonnet carré. »

L’Administrateur.

Cela n’a pas le sens commun. Un cochon en bonnet carré ! Qui est-ce qui a jamais vu un cochon en bonnet carré !

Korobkine

« Le recteur du collège empeste l’ail. »

Le Recteur.

Mon Dieu ! moi qui ne mange jamais d’ail.

Le Juge, à part.

Grâce à Dieu, il n’est pas question de moi.

Korobkine

« Le juge… »

Le Juge, à part.

Attrape ! (Haut.) Messieurs, la lettre a l’air d’être un peu longue, et à mon avis, je trouve qu’il est bien ennuyeux de lire tant de sottises.

Le Recteur.

Non, non.

Le Directeur.

Non, lisez toujours.

Korobkine

« Le juge Liapkine-Tiapkine est du dernier mauvais ton[1]. » — C’est sans doute quelque mot français.

Le Juge.

Le diable sait ce qu’il veut dire. C’est bon si cela ne veut dire que polisson. C’est peut-être quelque chose de pire.

  1. Ces mots sont en français dans l’original.