Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RITA : À moi, mademoiselle?
DONAMARIA : Oui : il y a longtemps que je te dois un cadeau. Tu es si bonne pour moi; etpuis, quand je quitterai ce couvent, tu diras quelquefois ce chapelet à mon intention.
RITA : Ah ! ma bonne demoiselle !... laissez-moi vous baiser les mains; vous êtes tropgénéreuse... Je serai bien fâchée quand vous quitterez cette maison. Cependant ce sera pour votrebien, car sans doute ce sera pour vous marier.
DONAMARIA, soupirant : Qui sait ?
Silence.
RITA : Faut-il mettre des fleurs nouvelles dans vos vases de porcelaine ?
DONA MARIA : Oui.
RITA : Adieu, mademoiselle; je vous remercie bien.
Elle sort.

SCÈNE III


DONAMARIA,Des prières !... Moi aussi, j'ai prié; mais je n'ai pu chasser ces idées qui m'obsèdent... S'il voulaitfuir avec moi ?... mais cela est impossible... Alors il le faudra bien, je fuirai seule... oui, je fuiraide ce monde. (Regardant par la fenêtre de la pharmacie.) Un instant de souffrance !... unesouffrance... peut-être moins vive que celle que j'endure jour et nuit depuis deux mois. —Jepourrais maintenant, si je le voulais, m'emparer de ce trésor qui donne l'oubli... Il est bien faciled'entrer par cette fenêtre, et cette pierre semble placée pour me servir de marchepied.
Elle pose les pieds sur une saillie de la muraille, de manière à s'appuyer sur la fenêtre.

SCÈNE IV


DONAMARIA, FRAY EUGENIO
FRAY EUGENIO, sans voir dona Maria. Il s'approche de l'oranger, retire une lettre du creux del'arbre, et en remet une autre en pla