Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/196

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mal à la tête.
DONAFRANCISCA : Pauvre amie ! Oui, ton front est brûlant. Reste ici, à l'ombre, crois-moi.On étouffe dans nos chambres. Asseyons-nous sur ce banc; tu appuieras ta tête sur mon épaule, etmoi... (bas) j'ai tant de choses à te dire, chère Mariquita ! Il faut absolument que tu restes et quetu m'écoutes.
DONA IRENE : Mariquita, sois juge entre Ximena et moi.
DONAXIMENA : Un beau juge que tu prends ! Comme si elle se connaissait à ces sortes dechoses. Passe encore pour Francisca.
DONA IRENE : II n'est pas besoin de tant de connaissances, puisqu'il s'agit seulement de dire songoût.
DONAFRANCISCA : Ne la tourmentez pas avec vos questions ridicules. Pauvre enfant ! vousvoyez bien qu'elle est malade.
DONA IRENE : Oui, c'est qu'apparemment tu veux l’ennuyer à toi toute seule. Vous êtesinsupportables toutes deux avec vos éternelles amitiés.
DONAMARIA, bâillant : De quoi s'agit-il, Irène ?
DONA IRENE : Fi ! que cela est vilain de bâiller ainsi au nez des gens !
DONAMARIA : J'ai un grand mal d'estomac.
DONA IRENE : Tu as vu ces officiers de marine qui sont venus avec l'Esmeralda, et qui ontentendu la messe hier à notre église ? Eh bien ! Ximena, qui est déjà éprise de l'un d'eux, s'envient nous dire que leur uniforme est plus beau que celui des dragons d'Amérique. Comment latrouves-tu ? Les officiers de marine qui sont habillés si simplement, tandis que les dragonsd'Amérique avec leur uniforme vert et jaune, les galons d'argent, le pantalon gris avec lepassepoil orange, le casque noir et le plumet...
DONAXIMENA : Oui, avec ce costume là, ils ont l'air de canaris, tandis que les marins avec leurhabit bleu et rouge, le pantalon blanc... C'est une tenue sévère qui sied bien à des militaires. Etpuis j'aime beaucoup leur chapeau bordé d'or, et je suis folle de leur poignard.
DONA IRENE : Les conducteurs de mules et les ouvriers du port ont aussi des poignards; maisun grand sabre traînant qui résonne sur le pavé, y a-t-il quelque chose de plus