Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/209

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m'en parerai jamais; accepte-les, je leveux. Tiens, voici la clef de ma cassette, prends mon écrin, et pars cette nuit même.
DONA FRANCISCA : Mais...
DONAMARIA, se levant : Prends, te dis-je, et laisse-moi.
DONA FRANCISCA : Je le vois, Maria, je t'ai scandalisée, tu me méprises et tu veux tedébarrasser de moi. Ta vertu sévère ou ta dévotion me condamne : cependant, par un rested'amitié, tu ne veux pas me perdre; mais, si tu ne m'aimes plus comme auparavant, je n'acceptepas tes dons.
DONAMARIA : Si tu me crois de la dévotion ou des scrupules, tu te trompes fort. Si tu aimesvéritablement Fray Eugenio, si tu es véritablement heureuse avec lui... tu as bien fait.
DONAFRANCISCA : Ta voix est tremblante, et tu caches mal ta colère. Mariquita, dis-moi,qu'as-tu ? Est-ce contre moi que tu es en colère ? réponds-moi.
DONAMARIA : Je t'ai dit que j'étais malade... j'ai une migraine horrible, et depuis une heure tume parles de ton Fray Eugenio, de... Tiens, laisse-moi seule ici, et prends ma clef.
DONAFRANCISCA : Non, je ne veux pas avant d'avoir consulté Eugenio.
DONAMARIA : Eh bien ! comme tu voudras ; mais, pour Dieu, laisse-moi ! chaque mot que tudis me casse la tête.
DONAFRANCISCA : Maria, tu ne m'aimes plus, je le vois bien.
DONAMARIA : Va, je t'aime plus que je ne le croyais moi-même.
DONAFRANCISCA : Je te laisse, puisque tu veux être seule, Mariquita;... mais au moinsembrasse-moi pour me montrer que tu m'aimes toujours.
DONAMARIA, lui tendant la joue : Es-tu contente ?
DONAFRANCISCA : Je t'embrasse comme j'embrasse Eugenio. Il a l'haleine aussi douce quetoi. Mais tu te fâches; adieu.
Elle sort.
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