Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/215

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DONAMARIA : C'est pour acheter du grain à mes oiseaux. Tu en prendras bien soin, n'est-cepas ?
RITA : Mon Dieu, mademoiselle, il n'est pas besoin d'argent; suffit qu'ils viennent de vous.
DONAMARIA : Non, prends, et reporte ce livre.
RITA : Vous pleurez, mademoiselle...
DONAMARIA : Ce n'est rien, va.
RITA : J'attendais que vous eussiez bu...
DONAMARIA : Je reporterai le verre et la soucoupe : laisse-moi.
RITA : Ma bonne demoiselle, comme vous êtes singulière aujourd'hui !... (Dona Maria lui faitsigne de la main de s'en aller.) Vous me comblez de présents, et vous pleurez…
DONAMARIA : Adieu, Rita. (Rita veut lui baiser la main, doña Maria l'embrasse.) Laisse-moi;va, je t'en prie.
RITA, à part, en s'en allant : Elle pleure en quittant le couvent, tandis que les autres seréjouissent.

SCÈNE XIV


DONAMARIA, seule.
Cette fille est ici le seul être qui me soit attaché. En lui disant adieu, j'ai senti que ma force allaitm'abandonner… — Du courage ! dans quelques moments tout sera fini. (Elle met une partie ducontenu de la fiole dans le verre de limonade.) La couleur de cette limonade n'est pas changée. Jene sais, mais j'aurais plus d'horreur d'un poison noir que d'une eau transparente comme celle-ci. . .(Elle prend le verre, et le repose sur le banc.) Il faut du courage pour mourir... En renversant ceverre, je retiens la vie près de m'échapper... Fi donc ! je me mépriserais moi-même. Allons !
Elle va prendre le verre ; entre dona Francisca.

SCÈNE XV


DONAMARIA, DONAFRANCISCA
DONAFRANCISCA : Mariquita, je viens encore te tourmenter. Eh bien ! comment cela va-t-il ?
DONAMARIA : Bien;