Mademoiselle, en effet, a cédé à une bonne et sainte inspiration.
Je vous admire, Perichole, et je voudrais m’associer à votre bonne action, en prenant à mon compte…
Ah ! monseigneur, laissez-moi la gloire de l’avoir faite… J’en suis assez récompensée par ce précieux don que je tiens de monseigneur. Ce chapelet a été enfermé pendant neuf jours dans la châsse de la bienheureuse image de Notre-Dame de Chimpaquirà.6 (Elle fait baiser le chapelet au vice-roi et du licencié.)
De grandes indulgences y sont attachées.
Je suis si joyeux, que je ne sens plus du tout ma jambe. Pineda est un sot, et je n’ai pas la goutte.
C’est ce chapelet que vous venez de toucher qui vous a soulagé, monseigneur.
Il n’est rien de plus probable, et j’en ai vu souvent des effets merveilleux.
Je le crois, mais je continuerai encore deux jours mon régime ; ensuite, monseigneur, je voudrais faire une bonne folie, et vous faire souper chez mademoiselle, pour que vous puissiez faire plus ample connaissance.
Je n’ose espérer que monseigneur daigne me faire tant d’honneur. Cependant notre divin Sauveur mangeait avec les Samaritains… et si le secret le plus profond…
Nous verrons. Attendons que Son Altesse soit guérie.
Cela veut dire qu’il accepte.
Je crains bien de ne pas avoir la force de refuser.
Si monsieur le licencié voulait faire le quatrième ?
C’est trop d’honneur que vous me faites.
Monsieur le licencié, nous n’en parlerons pas.
Monseigneur !
Et vous entendrez chanter la Perichole… des airs pieux, s’entend. Sa voix est capable de convertir un infidèle.
Je crains seulement qu’elle ne fasse renier un fidèle.
Mademoiselle, ce carrosse sera pour vous le chariot d’Élie ; il vous mènera droit au ciel.
