MARIQUITA - Honni soit qui mal y pense, comme il y a écrit sur le bonnet du capitaine O’Trigger. ANTONIO, de même. — Mais comment nous expliquerez-vous que le plant de Juana Mendo a été détruit par une inondation ?
MARIQUITA, riant. — L’expliquer ! non, certes. Demandez au Geyar pourquoi il s’est débordé.
ANTONIO, de même. — Et c’est précisément à vous que je le demande. Pourquoi lui avez-vous dit de se déborder ?
MARIQUITA - Ah çà ! sommes-nous à jeun et dans notre bon sens ? Me prenez-vous pour une sorcière ?
ANTONIO, de même. — Vous le dites.
MARIQUITA - Merci de moi ! si vous ne me faisiez pas trembler avec votre grosse voix, vous me feriez mourir de rire.
ANTONIO, de même. — Vos rires pourront se changer en larmes. — Vous niez donc avoir jeté un sort sur les oliviers de Juana Mendo ?
MARIQUITA - Est-ce que je sais jeter des sorts, moi ?
ANTONIO, de même. — Tous péchés peuvent s’expier. Femme, je t’adjure au nom de ton Créateur ; dis la vérité, si tu ne veux pas la mort de ton âme.
MARIQUITA - Est-ce que, si j’étais sorcière, je ne me serais pas déjà envolée d’ici par la cheminée !
ANTONIO, de même. — Réfléchissez et tremblez ; plus tard il ne servira de rien de vous rétracter.
RAFAEL - Seigneur collègue, elle est obstinée, laissez-moi l’entretenir seule un instant.
DOMINGO - Non, moi je m’en charge. Seigneur Rafael, vous oubliez que vous avez un rapport à faire…
ANTONIO, de même. — Nous ne pouvons manquer aux règlements du Saint-Office. Pour la dernière fois, Maria Valdez, êtes-vous sorcière ?
MARIQUITA - Pour la dernière fois, non. — Est-il entêté !
ANTONIO, de même. — Malheureuse ! Je m’en lave les mains, et ton sang ne retombera que sur toi. Le XLVIIIe article du règlement des interrogatoires porte que, « si l’accusé, ou l’accusée, persiste dans ses dénégations, et que d’ailleurs l’accusation ne soit pas dénuée de preuves testimoniales ou par écrit, le président doit, en confirmation d’icelles,