Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
MONSIEUR AUGUSTE

force publique au secours d’une famille, et elle venait d’agir avec intelligence, sous le conseil d’une bonne inspiration.

Au moment où la virile apostrophe d’Agnès tombait comme la foudre sur la tête de l’inconnu, on vit une ombre se dessiner dans une éclaircie de soleil, du côté du vestibule.

— Ma petite brune, dit l’étranger, en donnant à la jeune Agnès un regard de pitié, vous croyez bonnement me faire peur ? détrompez-vous. On ne fait pas peur aux morts, et vous voyez devant vous un homme enterré. J’avais deux pistolets pour toute richesse ; j’en ai vendu un, il m’a fait vivre huit jours ; l’autre… que voici, devait me tuer ce matin. Je me suis accordé un sursis. J’ai pensé à ces deux croûtes, et si mon ami Auguste ne m’en donne pas dix mille francs, je vous livre la correspondance d’Auguste, et je me brûle la cervelle ici, devant vous tous.

À ces mots, l’ombre du vestibule prit un corps, tomba sur l’inconnu, et le désarma.

— Voilà un homme ! s’écria la jeune Agnès.

C’était Octave. Rose l’avait suivi, et embrassait Louise, comme une mère couvre son enfant de tout son corps dans un moment de péril.

Deux cris simultanés, deux c’est lui ! éclatèrent