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MONSIEUR AUGUSTE

à la fois dans la poitrine d’Octave et de l’inconnu.

— Sortez tout de suite, si vous n’êtes pas un lâche ! dit Octave d’une voix de tonnerre.

Et, le saisissant au collet avec un bras vigoureux, il le traîna jusque sur la terrasse et sortit par la grille qui s’ouvre sur le bois, toujours dominant par sa force et son énergie son étrange compagnon.

Louise avait soulevé sa tête, et vu, à travers ses larmes, l’héroïque Octave accomplissant cette œuvre d’expulsion avec une figure d’archange exterminateur.

Auguste se leva péniblement, comme un podagre octogénaire, les yeux éteints, le visage livide et bouleversé ; il se traîna vers la porte comme un agonisant chassé de son lit de mort par l’incendie, et désireux de vivre cinq minutes de plus, par amour pour la douleur.

Agnès le suivit lentement, après avoir fait à Rose un signe d’intelligence ; elle le vit traverser la terrasse, descendre l’avenue de la grille, et assez rapidement sur le chemin qui conduit à la station du chemin de fer.

Elle rentra dans la salle et dit à haute voix :

— Ce misérable Auguste est parti.

Louise poussa un cri de douleur, et s’évanouit