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MONSIEUR AUGUSTE

comme elle doit être douce, la mort, quand on a trop fatigué sa vie !… La tombe est le meilleur des lits de repos.

Octave étendit son bras à sa droite et fit feu.

— La mort vient de passer là, dit Simaï, en montrant la direction de la balle, et la mort n’a rendu service à personne… une mort perdue !

— Maintenant, dit Octave, nous pouvons parler de notre duel de Naples, en toute sécurité. La partie est égale. On a beau ne pas tenir à la vie, on aime toujours à mourir régulièrement… Voyons… j’ai deux témoins excellents… deux hussards… des témoins omnibus… Ils logent près d’ici… Vos armes seront, les miennes ; vous êtes l’insulté, ne perdons pas de temps… Oh ! mon Dieu ! vous ne sauriez dire ce que je souffre !…

— Oui, vous êtes devenu tout à coup horriblement pâle, dit Simaï avec douceur et en se rapprochant.

— J’ai les pressentiments des hommes nerveux, reprit Octave… Il se passe en ce moment quelque chose d’affreux pour moi… l’air me le dit à l’oreille.

— Et vous tenez donc beaucoup à ce duel ? demanda Simaï.

— C’est mon seul remède en ce moment.

— Et vous voulez me tuer pour vous guérir ?