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MONSIEUR AUGUSTE

une passion surhumaine, mais digne d’intérêt, aux yeux d’une femme surtout.

— Monsieur Octave, dit-elle, voulez-vous m’écouter avec calme, un instant ?

— J’essayerai de vous obéir, dit Octave ; en essuyant la sueur qui ruisselait sur son visage.

— Je ne veux pas discuter avec vous. Je veux vous prouver que je suis votre amie depuis le jour où vous fîtes devant nous un acte de courage. Eh bien ! je vous promets que le docteur partira demain matin pour Paris… Êtes-vous content ?

— Mais le passé ! le passé ! qui l’anéantira, mademoiselle ?

— Ah ! monsieur Octaves, vous en demandez trop. Dieu même ne peut pas anéantir le passé. Votre exigence est exorbitante. Vous abusez de l’amitié.

— Pardon, mademoiselle, pardon, dit Octave d’une voix émue par les larmes. Oui, je conviens que je ne suis pas raisonnable… Excusez-moi… Vous êtes un ange de bonté… Mais ce que vous promettez sera-t-il ?…

— Ayez confiance en moi, interrompit Agnès ; le docteur partira demain.

— Par le premier convoi ?

— Oui.