Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
MONSIEUR AUGUSTE

je ne puis me présenter décemment, avec un paletot borgne… prêtez-moi une aiguille et du fil, je vous les rendrai, parole d’honneur !

— Monsieur Octave, vous avez une folie si amusante qu’on ne peut rien vous refuser… attendez-moi là un instant… ne me suivez pas…

— Ne craignez rien, je vous attends.

— Mais vous me suivez toujours, monsieur Octave !

— Tiens ! c’est vrai ! je n’y prenais pas garde.

— Je vais chercher ce qu’il faut dans la chambre de mademoiselle.

— Il fallait me dire cela tout de suite, mademoiselle Rose. Je suis une statue d’escalier ; je ne bouge pas…

— Ah ! je me méfie de vous, monsieur Octave. Vous avez des intentions coupables…

— Qui vous a dit cela, mademoiselle ?

— Mon petit doigt.

— Votre petit doigt aura une récompense ; il mérite d’orner un diamant.

Et Octave mit lestement une bague de très-grand prix au petit doigt de Rose.

— Oh ! que je voudrais avoir le courage de vous rendre ce cadeau ! dit la belle soubrette ; et si je le garde, savez-vous pourquoi ?