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MONSIEUR AUGUSTE

— Dites, je saurai.

— C’est parce que vous aimez mademoiselle… et de quel amour ! tenez, monsieur Octave, si vous n’étiez pas fou, vous le deviendriez.

— Soyez tranquille sur mon compte ; j’ai la folie des hommes d’autrefois : celle qui nous a mis au monde, avec des passions viriles. Cette folie ne conduit pas à Charenton. Mon père avait cette folie, avant son mariage, et c’est aujourd’hui le plus sage des hommes. Vous le connaissez ce bon M. Desbaniers ?

— Oui, il parait même un peu froid.

— Il a eu huit enfants ; je suis le cadet, et le plus calme. Mais vous oubliez le bouton de mon paletot…

— Je suis à vous, monsieur Octave… Ah ! n’entrez pas dans cette chambre… attendez-moi dans le corridor.

— Rose, la bague de votre petit doigt a une sœur… voyons quel mal puis-je faire à cette chambre, si j’entre…

— C’est moi qui fais le mal ! monsieur Octave.

— Et qui le saura ?

— Belle raison ! ma conscience.

— Mais, mon Dieu ! la conscience permet d’entrer dans une chambre inhabitée, et si vous n’avez