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MONSIEUR AUGUSTE

— Mais ce voleur prendrait la profession d’oiseau, et il gagnerait davantage.

— Taisez-vous donc, monsieur Octave. N’ai-je pas vu ce matin, sur l’écorce de cet arbre, un lambeau de pantalon blanc ? les trembles ne portent pas de ces fruits… tenez… Connaissez-vous cet échantillon ?… je l’ai serré dans la poche de mon tablier…

Octave s’empara vivement de cette pièce de conviction, et sa figure se couvrit de pâleur.

— Nous avons un jardinier qui a fait la guerre de Crimée, ajouta Rose, et qui, le mois dernier, a tiré un coup de fusil sur un maraudeur… Vous savez cela, monsieur Octave ?

— Oui, Rose.

— Eh bien ! c’est superbe ! monsieur Octave ; vous méritez d’être aimé.

— Rose, dit Octave, vous êtes un démon… mais un démon charmant… C’est vous qui m’avez vu ?

— Oui… méchant jeune homme !… au moment où je déshabillais mademoiselle… que la nuit était chaude !… Au moment où…

— Taisez-vous, Rose !… je donnerais ma vie pour expier cette faute…

— Mais il ne s’agit pas de donner sa vie, monsieur Octave ; on expie les fautes de l’amour à meilleur marché. Votre père a une grande fortune. Vous