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MONSIEUR AUGUSTE

que ce crime à lui avouer, vous serez Rosière de Chatou l’été prochain…

— Ce diable d’homme !… Donnez-moi votre paletot… ne vous montrez pas… tenez-vous à distance de la fenêtre… les deux canots passent sur la rivière…

— Y est-elle, Mlle Louise ?

— Oui, monsieur.

— Je veux la voir… là, dans ce coin de vitre et de rideau… Oui, je la vois… une robe blanche… un chapeau rosé… une ombrelle verte… Adorable comme toujours ! Elle regarde cet arbre…

— Vous savez, monsieur Octave, que cet arbre va être coupé.

Octave bondit, et regarda Rose.

— Eh bien ! qu’est-ce que cela vous fait ? dit la soubrette, en coupant le fil.

— Et pourquoi supprime-t-on cet arbre ? demanda Octave, d’un air stupéfait.

— Vous ne le devinez pas ? c’est pourtant bien facile… Cet arbre gêne la vue… il masque la rivière.

— Ah ! il masque !

— Et puis… ajouta Rose en riant… un voleur de nuit, un peu leste, pourrait bien sauter de cet arbre sur le balcon de mademoiselle.